Fêtes traditionnelles à San Pedro de Atacama

San Pedro de Atacama est la région la plus touristique du Chili. Malgré les invasions de touristes toute l’année, les communautés atacamènes locales ont réussi à préserver certaines de leurs traditions. Parmi elles, les trois fêtes essentielles que sont la Candelaria (février), la fête de San Pedro (juin) et la Limpieza de canales (août – octobre) sont marquées par un très fort syncrétisme religieux, fruit du mélange des rituels et croyances atacamènes et espagnols.

La Fiesta de la Candelaria

La fête de la Candelaria est une fête à la vierge célébrée au début du mois de février (2 février ou premier dimanche de février). Pendant plusieurs jours, toutes les tribus de la région (San Pedro, Calama, Antofagasta, Bolivie) se réunissent en un seul défilé en l’honneur de la Vierge.
À l’origine venue des Canaries en même temps que les premiers conquistadors espagnols, cette fête avait pour but de célébrer la présentation de Jésus au temple (Nouveau Testament). Son nom vient de « chandelle ». S’il n’a pas changé depuis ses débuts, la fête a, elle, bien évolué, notamment par le biais du syncrétisme religieux.
Ceux qui participent à cette procession, les habitants de San Pedro et d’ailleurs, en profitent pour se déguiser et parodier la colonisation espagnole et la religion catholique. Les chapeaux et bottes comme en portaient les femmes au XVIème siècle, associés à des mini-jupes en sont l’expression la plus frappante.

En musique et en danse, la procession, constituée de trois – voire quatre générations, fait le tour du village une première fois avant la messe, une deuxième après, terminant en beauté avec la Vierge de la Candelaria.
Les costumes sont colorés, la musique est endiablée, tout le monde participe, offre de l’eau, prend des photos, l’ambiance est au beau fixe.

Bien sûr, il existe des types de danses, costumes et musiques très différents. Ceux des danseurs gitans par exemple sont très spécifiques : les costumes très simples, et les mêmes pour tous, hommes et femmes, sont aux couleurs du Chili, pour rappeler très certainement leur appartenance pleine et entière au Chili, et ceux depuis leur arrivée en même temps que les colons espagnols.

La Fiesta de San Pedro

La deuxième fête très importante est la Saint Pierre (San Pedro). Saint patron et fondateur de l’Église catholique, il est également le saint patron du village atacamène qui porte son nom. Les festivités durent trois jours, du 28 au 30 juin. Elles reposent sur le même principe que la Fête de la Candelaria : déguisement, musique (tambour, guitare et flûte), danse et procession sont au rendez-vous. Simplement, les danses ne sont plus qu’au nombre de trois, chaque danse appartenant à une famille. Elles sont l’expression de l’identité et de la culture atacamènes, toujours bien vivantes.

Le Torito, caractérisé par la figure centrale du taureau, entouré par deux chevaux et le torero, imite une corrida, non pas à l’espagnole mais à l’américaine.
Le Negro met en scène un mariage entre un prince et une princesse aux traits espagnols, protégés par deux gardiens, 18 et Août.
Le Catimbano quant à lui, symbolise le passage de 24 perdrix en file de deux au son de la guitare et du tambour.
Ainsi, chaque danse traditionnelle possède sa propre histoire, sa propre musique, ses propres personnages, et sa propre chorégraphie. Les costumes sont toujours très colorés, dans la plus grande tradition andine.

Le premier jour, les participants font une procession dans le village. Le deuxième jour, après la messe célébrée par un évêque, le grand carnaval religieux commence. La procession va jusqu’au cimetière où les danseurs honorent les musiciens morts. Le lendemain, seuls les participants au Torito finissent la San Pedro par une mise en scène de la chasse au taureau et de sa mise à mort.

Le syncrétisme est évidemment toujours présent : avant de débuter la procession, les villageois organisent une petite cérémonie pour demander le succès des activités qui vont avoir lieu les jours qui suivent. Pour clôturer les festivités, ils effacent les traces qu’ils ont laissées sur Pachamama (Terre-Mère). Ils mêlent ainsi célébration de Saint Pierre et rituels atacamènes.

En savoir plus sur les danses religieuses traditionnelles (en espagnol)
Reportage sur les trois danses principales de la San Pedro (en espagnol).

La Limpieza de Canales (« nettoyage de canaux »)

La civilisation atacamène, comme la plupart des cultures indigènes, est intrinsèquement liée à la Terre-Mère, la Pachamama, à l’eau, et à leurs bienfaits.
Un réseau très complexe et complet de canaux fait partie des tactiques qu’elle a développées pour pouvoir survivre dans ce désert où il ne pleut jamais. L’utilisation et l’entretien de ce réseau s’accomplissent selon des rituels et traditions qui sont une partie intégrante de la culture atacamène. C’est le cas de l’irrigation mensuelle : comme l’eau est limitée, les communautés ont mis en place un système de distribution alternée. A intervalles variables – cela peut aller de 6 à 20 jours – les membres de la communauté reçoivent chacun à leur tour une heure, parfois plus, d’eau. Cela dépend de ce que le Puricamani, désigné chaque année par la communauté pour être le chargé des eaux (répartition, nettoyage etc.), décide. Pour que l’irrigation soit efficace, il faut s’armer de pelles, de seaux, parfois de bottes pour répartir le peu d’eau de manière optimale.

Il faut également nettoyer les canaux pour que l’eau s’écoule bien. Cela donne lieu à la fête annuelle Limpieza de canales. Si elle est obligatoire (sous peine de payer une amende), elle n’est pas vue comme une contrainte mais comme une fête. Elle comprend plusieurs étapes. Le nettoyage des canaux au sens propre a lieu le matin sous l’œil avisé du Puricamani, et de sa corne de bœuf qui impose le respect. Vers le milieu de la journée, les travailleurs s’arrêtent, font un festin puis ouvrent finalement les canaux pour que l’eau s’écoule et irrigue enfin les terres desséchées. A la fin de la journée, le Puricamani redevient un villageois comme un autre, jusqu’à la prochaine Limpieza de canales. Cette fête est une occasion pour les communautés atacamènes de célébrer la Terre-Mère qui leur fournit de l’eau, sans laquelle la vie est impossible.

Vidéo d’Arte sur l’eau dans le désert d’Atacama : Désert d’Atacama, la vie sans eau