Inti Castro et son street art au Chili

Fondamentalement sud-américain. Voilà qui est INTI Castro, dont le nom signifie Dieu-Soleil en quechua.
Ce nom ne vous dit rien ? INTI est pourtant le graffeur chilien le plus connu du moment.

De Paris à Bérouth, en passant par la Pologne, la Norvège, la Belgique, le Venezuela, l’Espagne, les Etats-Unis et bien sûr, Valparaiso, sa ville d’origine, INTI a laissé son empreinte gigantesque, parfois écrasante, sur les murs du monde entier.

Comment reconnaître ses oeuvres ? Elles mêlent à l’envi couleurs andines, motifs précolombiens, personnages qui ressemblent à des marionnettes, thèmes religieux, dénonciations sociales et appels à la liberté, sur des surfaces pouvant aller jusqu’à 40 mètres de haut, comme c’est le cas de la facade d’un immeuble dans le 13ème arrondissement à Paris.

Pour bien saisir toute la richesse de ses peintures, il faut y regarder de près, de très près. Ce n’est pas parce qu’elles sont monumentales qu’il suffit de les admirer de loin. Chaque détail, chaque touche de peinture minutieuse, pourtant effectuée à la bombe ou au rouleau, a son importance. Les colliers, les symboles en presque-transparence, rien n’est à laisser de côté.

Malgré ses pérégrinations autour du monde, INTI reste très marqué par ses origines géographiques : la perle du Pacifique et ses 42 cerros (collines) ont été un terrain de jeu idéal lors de ses premiers pas dans le graffiti, le mettant constamment au défi, avec sa géographie verticale plutôt qu’horizontale.

Berceau du graffiti contestataire dans les années 70s, années politiquement troubles en Amérique Latine, Valparaiso a permis à INTI de grandir et de s’immerger dans cette culture du graf, présente au Chili nulle part ailleurs avec une telle intensité, une telle audace et une telle beauté.

Le graf – comme tout art, d’ailleurs – est pour INTI essentiellement participatif : parce qu’il a appris grâce aux autres, qu’il peint pour les autres et que le théâtre de ses oeuvres est l’espace public. Qu’il s’approprie poétiquement, à l’instar d’un Bansky ou d’un Roadsworth.

C’est ainsi que ses graffitis sont, eux-aussi, contestataires : il prône la résistance, questionne la religion, s’approprie les syncrétismes et leur diversité, et se fait surtout l’avocat de la liberté et de la joie qui lui est liée, comme le montre sa devise “Color, Carnaval y Resistencia”.

Aujourd’hui récompensé par le Conseil Municipal des Arts et de la Culture de Valparaiso, INTI ne rejette plus aussi systématiquement les institutions qu’avant. Sa perception du graf évolue elle-aussi, changeant de support et d’utilité selon les opportunités. C’est ainsi qu’il a créé pour Louis Vuitton un foulard, et des plus réussis.

Cependant, ses oeuvres les plus spectaculaires restent celles qu’on peut contempler sur les murs du monde. Où les admirer au Chili ? En flânant dans les cerros de Valparaiso, du côté du Paseo Atkinson, dans le quartier du port ou au Paseo Dimalow par exemple. Ou bien à Santiago, à l’entrée de la station de métro de Bellas Artes.

Par son syncrétisme, son cosmopolitisme, son amour de la liberté et de la résistance, son nom, INTI est fondamentalement sudaméricain. Tout comme l’est sa ville natale, que nous vous invitons à découvrir

En savoir plus

– Voir INTI peindre

 Interview d’INTI (en anglais)