Valparaiso, ville artistique du Chili

Formant un immense amphithéâtre avec une vue extraordinaire sur le centre ville (el plan) et la mer, les cerros (collines) de Valparaiso se sont peuplées au fil du temps.

Les noms des collines sont apparus petit à petit, à mesure qu’elles se peuplaient, en commençant par les cerros situés à côté du quartier du vieux port, puis en s’étendant jusqu’à l’Almendral. Le processus d’occupation des collines de Valparaiso s’est produit lorsque l’espace du plan a été saturé. Les cerros situés en deuxième et troisième ligne n’ont donc été peuplés qu’à partir du début du XIXème siècle.

C’est ainsi que les cerros se sont formés jusqu’à atteindre le nombre de 42 au total, perchés au-dessus de la vieille ville. Les collines de Valparaiso ont des caractéristiques urbaines et sociales différentes les unes des autres. Elles ont leurs propres rues et des escaliers d’accès et beaucoup ont eu ou continuent d’avoir des ascenseurs (les funiculaires) qui les relient au plan. Les cerros sont composés d’épiceries, d’associations et d’une vie communautaire propre à chacun qui donnent à ces quartiers une identité unique. Une identité si forte que les porteños (habitants de Valparaiso) vivant à l’étranger se reconnaissent mutuellement et se regroupent généralement avec des gens ayant vécus dans le même cerro.

Les longues avenues qui traversent les cerros sont parfaites pour se promener et les découvrir un par un. Les voyageurs peuvent admirer les paysages offerts par cette ville, aussi appelée « la perle du pacifique », quelle que soit la colline sur laquelle ils se trouvent.

Valpo, ville de collines

Le Cerro Alegre de Valparaiso

Dans la deuxième décennie du XIXe siècle, le marchand anglais William Bateman acheta un terrain dans le Cerro Alegre, où il construisit une maison isolée. Ce fait précurseur fit rapidement écho parmi ses compatriotes (beaucoup d’entre eux avaient démarré des activités d’import-export) qui décidèrent de s’y installer, attirés par la sécurité offerte par la mise en place d’une République dans le pays.

 

Ce groupe, socialement et économiquement bien défini, se développa donc dans le Cerro Alegre, générant un quartier résidentiel composé de maisons ayant un niveau de construction plus élaboré que celui de l’époque. En plus de cette architecture novatrice et confortable, on y intégra de nombreux jardins luxuriants qui contribuèrent à accentuer l’aspect pittoresque du cerro.

Ce quartier, dont l’axe principal est la rue Montealegre, a maintenu ces caractéristiques tout au long du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, il y eut un changement notable dans l’architecture de la colline dû aux conséquences du tremblement de terre de 1906.

La plupart des maisons endommagées par le séisme furent remplacées par de grandes maisons familiales qui donnèrent une plus grande homogénéité au secteur. Ces maisons sont encore très bien conservées, même si nombre d’entre elles ont été divisées en plusieurs logements.

Durant votre visite, vous pourrez découvrir le Palacio Baburizza, récemment rénové et converti en Musée des Beaux Arts de Valparaiso. Il fut déclaré monument historique en 1979 par le gouvernement du Chili.

Le Cerro Concepción

Le Cerro Concepcion est situé en pleine zone patrimoniale, c’est l’un des plus agréables à vivre de la ville en raison de sa tranquilité, et cela malgré le développement intense de l’activité touristique dans la zone. Dans ses rues étroites, il est donc fréquent de trouver des groupes montant et descendant à travers la colline dans laquelle beaucoup d’édifices ont été reconvertis en auberges, restaurants, boutiques et galeries d’art. Ces bâtiments, d’une grande valeur architecturale et historique, ont pour la plupart été rénovés.

Le cerro tire son nom du fort Concepción, qui à l’époque protégeait la ville de Valparaiso contre les attaques des pirates, des corsaires et des contrebandiers, qui causaient de grands dommages dans la ville, la pillaient, et l’incendiaient afin de pouvoir plus facilement voler ses habitants.

En 1822, peu après le boom de l’activité portuaire de Valparaiso, les citoyens britanniques John Martin et William Bateman débutèrent l’urbanisation de la zone. Par la suite, la population étrangère aisée commença à affluer fortement dans le secteur, en évitant les quartiers populaires du port.

L’élégance de ce cerro, et de la colline voisine, le cerro Alegre, s’est traduite le 1er décembre 1883 par l’ouverture de l’ascenseur Concepción, premier funiculaire de Valparaiso qui continue encore aujourd’hui à transporter des passagers du quartier commerçial de la ville au Paseo Gervasoni, qui avec le Paseo Atkinson, offrent une vue magnifique sur la baie et la place Anibal Pinto. Le Paseo Atkinson est constitué de nombreuses maisons colorées bordées de portiques au style victorien du XIXe siècle. Le Paseo Gervasoni, pour sa part, est composé de somptueuses résidences dont la plupart sont utilisées pour la création d’activités culturelles et touristiques.

Étant le berceau de la diaspora étrangère à Valparaiso, le Cerro Concepción jouissait d’avantages et de services exclusifs. C’est ici qu’ont été construits le Colegio alemán en 1857, l’église anglicane St. Paul, construite en 1858, ainsi que l’Eglise luthérienne en 1897, alors qu’à l’époque, la liberté de culte n’était pas encore autorisée au Chili.

Aujourd’hui, le Cerro Concepción reçoit encore des immigrants, d’anciens et de jeunes entrepreneurs issus des milieux les plus divers ayant dans l’idée d’ouvrir leur entreprise, comme l’ont fait leurs prédécesseurs à l’époque.

Le Cerro Artillería

Le Cerro Artillería possède trois des principaux attraits touristiques de la ville : le Paseo 21 de Mayo, le Musée naval et maritime et l’ascenseur Artillería, qui relie la Plaza Aduana au cerro. Le paseo 21 de Mayo offre une vue exceptionnelle sur la baie de Valparaiso et particulièrement sur le port industriel. C’est un passage obligé pour les voyageurs, qui peuvent se ballader sous l’ombre des pittosporums et jacarandas, et acheter des produits typiques aux nombreux artisans installés sur la place. Derrière celle-ci se trouve un Musée retraçant l’histoire navale et maritime du Chili.

Ce quartier à tendance résidentielle est constitué de très belles maisons et édifices érigés pour la plupart au début du siècle dernier, et de style architectural similaire à ceux qui se trouvent à proximité du quartier Playa Ancha. Certaines de ces maisons sont emblématiques, comme la Casa Cuatro Vientos .

Le cerro Artillería a joué un rôle important dans la création du plan. En effet, l’extraction des matériaux nécessaires au remplissage et à l’expansion de la plaine côtière, ainsi qu’à la construction du premier quai, aujourd’hui la rue Serrano, est à l’origine de la falaise abrupte qui borde le cerro.

C’est l’installation de l’Académie navale en 1887 qui fut à l’origine du développement et de l’urbanisation de cette colline, à laquelle on intégra en 1893 l’ascenseur Artillería qui ouvrit une connexion directe avec le quartier du port.

Le Cerro Polanco de Valparaiso

Le cerro Polanco est connu pour être un quartier très modeste de Valparaiso. Avec ses maisons perchées à flanc de colline, on dit qu’il fut nommé ainsi par Santiago Polanco en 1817, à l’époque gouverneur de Valparaiso.

L’un des attraits caractéristiques du cerro Polanco est son ascenseur, qui est le seul de Valparaiso à être vertical, avec un tunnel d’accès, passant sous la colline, d’environ 150 mètres. Depuis 1976, cet ascenseur est considéré comme un monument national.

Intégré à la zone de conservation historique, on peut admirer du haut de sa tour des dizaines de cerros aux alentours et, depuis novembre 2012, il est possible de contempler sur de nombreuses maisons une série de peintures murales réalisées à l’occasion d’un festival, le Polanco Graffestival, ayant pour but de réunir ses habitants autour d’un thème qui mêle le social à l’artistique et au culturel.

Cette initiative est le premier festival de graffiti d’Amérique latine à intégrer les habitants de tout un quartier dans le projet initial, leurs demandant l’autorisation de repeindre la façade de leur maison, une trentaine au total. Pour cela, 77 graffeurs du Chili, de l’Argentine, du Pérou, du Brésil, de la Colombie et du Mexique, se sont réunis autour d’un thème : l’identité du quartier Polanco et de Valparaiso.

Le Cerro Bellavista

Situé en plein centre de la chaîne de cerros de Valparaiso, son nom provient de la vue imprenable sur le plan, l’océan Pacifique, ainsi que sur les cerros environnants.

C’est peut-être pour ce panorama que tant de gens liés à la culture et aux arts s’y sont installés : les frères Cuneo Devoto, des architectes italiens, les peintres Ramos Catalan et Camilo Mori, l’architecte et constructeur espagnol Sebastian Collao, et son illustre ami Pablo Neruda, entre autres.

En 1904, un Christ rédempteur a été construit sur les hauteurs du cerro, afin de protéger la ville et les marins qui circulaient le long du Port. Jusqu’en 2010, il était encore possible d’accéder au cerro Bellavista grâce à l’ascenseur Espíritu Santo, qui reliait la rue Aldunate, derrière la Plaza Victoria, avec la rue Rudolph. Cet ascenseur vient d’ailleurs tout juste d’être remis en service. Vous n’avez donc plus besoin de monter les quelques centaines de marche à pied pour admirer l’une des cartes postales classiques de Bellavista, plusieurs maisons typiques aux couleurs contrastées.

D’autres éléments se démarquent dans le cerro, tels que le vieux théâtre Mauri qui maintient une relation historique avec la maison de Pablo Neruda, La Sebastiana, tous deux construits en même temps et par la même personne, Don Sebastian Collao Mauri. La Sebastiana se distingue par sa forme de bateau, ses immenses fenêtres panoramiques, son escalier en colimaçon et bien entendu, un grand nombre d’objets personnels de l’écrivain.

On ne peut pas non plus passer à côté du Museo a cielo abierto, qui est l’une des initiatives les plus réussies de Valparaiso. Il s’agit d’une collection de peintures murales réalisées par des artistes chromatiques chiliens tels que Matilde PérezRoberto Matta et Nemesio Antunez. Celles-ci sont réparties sur les murs et les façades du cerro, passage obligé lors de votre visite de Bellavista.

Le Cerro Panteón

À la fin du XVIIIe siècle, cette petite colline, qui se trouvait dans la périphérie de la ville, fut choisie afin d’y installer les cimetières de Valparaiso. À l’époque, les cadavres des personnes influentes étaient généralement enterrés dans les églises, et ceux des personnes moins puissantes dans des fosses communes. Quant aux étrangers, ils étaient jetés à la mer, mais réapparaissaient généralement sur les rivages des plages à la vue de tous, et ce, jusqu’à la décision de créer les cimetières du cerro Pantéon.

Le cimetière nº1 a donc été ouvert en 1827. Il est composé d’une chapelle et d’une salle d’autopsie. Il fut grandement endommagé par le tremblement de terre de 1906, c’est pour cela que lors de sa rénovation, la ville décida d’y intégrer un nouveau porche de style néoclassique afin d’améliorer sa structure.

Le cimetière de los Disidentes, pour sa part, fut construit dans le but d’accueillir les personnes d’une autre religion que le catholicisme. Il fut ouvert en 1825 grâce au consul britannique qui, après avoir acquis ces terres, ordonna sa construction pour les immigrants résidant à Valparaiso, pour la plupart protestants.

Le cimetière n ° 2 ouvrit un peu plus tard, en 1848, même s’il était déjà utilisé comme fosse commune auparavant. Il possède aujourd’hui une élégante entrée conçue et construite par un architecte suisse.

Il existe aujourd’hui des visites guidées pour découvrir ces cimetières de nuit et passer devant les tombes de personnages historiques importants, tels que l’ancien président Jorge Montt, la mère d’Arthuro Pratt ou encore le dessinateur Renzo Pecchenino, plus connu sous le nom de Lukas.

Le Cerro Cárcel

Son nom provient du fait qu’en 1880 fut construite l’ancienne prison de Valparaiso, qui resta en fonction jusqu’en 1999. Ses murs de pierres et de briques nous rappellent l’époque coloniale donnant à ce quartier paisible une architecture aux influences européennes du XIXe siècle. A l’intérieur de l’Ex-Cárcel, qui peut être visité, on trouve les restes du plus ancien bâtiment de Valparaiso, une poudrière de l’époque coloniale.

Au cours des dernières années, le site a été transformé en centre culturel. Quatre jeunes architectes chiliens ont converti l’ancienne prison en grand parc culturel composé d’un théâtre, d’une bibliothèque, de salles de répétition, de salles d’exposition, d’un café, de boutiques et d’ateliers d’art. Le projet permit de maintenir les restes des voûtes de l’ancienne poudrière et les pavillons qui abritaient les anciennes cellules, d’une grande valeur historique pour les habitants.
La place Bismark, quant à elle, offre une magnifique vue sur la ville, la baie, et l’amphithéâtre de collines, en particulier sur les maisons des cerros Concepción, Cárcel et Pantéon. Cette place porte ce nom en l’honneur d’Otto Von Bismarck, le chancelier allemand considéré comme le fondateur de l’Etat moderne d’Allemagne, connu au Chili pour avoir soutenu le pays dans la guerre du Pacifique. Sur cette place, il y a une aire de jeux, ainsi que des pittosporums, des palmiers et des araucarias.