Luis Sepúlveda

Personnalité emblématique s’il en est de la défense des Droits de l’Homme, Luis Sepúlveda, encore étudiant, fait le choix du militantisme en adhérant en 1961 aux Jeunesses Communistes.

Il a vingt-quatre ans en 1975 et s’est engagé à l’UIP (Unité Populaire, mouvement qui regroupe la gauche chilienne) lorsque le régime Pinochet, qui l’accuse de conspiration, le fait arrêter, le juge pour trahison à la patrie et le jette pour vingt-huit ans en prison, à Temuco comme nombre d’opposants politiques.

Amnesty International intervient en sa faveur et le fait libérer trente mois plus tard en 1977.

Commence alors l’exil forcé pour ce jeune homme né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili.

Depuis l’Argentine où il s’est réfugié, il va parcourir l’Amérique latine, à commencer par l’Equateur. Il y partagera la vie des Indiens Shuar un an durant.

Sous l’égide de l’UNESCO, il étudiera l’impact qu’a eu sur eux la colonisation du XIXe siècle, impulsée par le gouvernement équatorien dans le but de fournir des terres cultivables aux paysans expulsés de leur terres pour permettre, modernisation oblige, la constitution de grandes propriétés.

Puis on le retrouve au Pérou, en Colombie et au Nicaragua où il s’engage au côté des Sandinistes lors de la révolution qui renversera la dictature Somoza en 1979.

En 1982, il part pour Hambourg, poussé sans doute par son goût pour la littérature romantique allemande. Il y travaille comme journaliste, ce qui ne l’empêche pas de retourner fréquemment en Amérique du Sud et de voyager en Afrique.
Parallèlement, il prend des responsabilités au sein de Greenpeace, dont il sera l’un des coordinateurs de 1982 à 1987.

Après quatorze années passées en Allemagne, il part s’installer à Gijón, au nord de l’Espagne, dans les Asturies.

A partir de 1986, et jusqu’en 2004, il investit le cinéma. Il sera scénariste de cinq films, réalisateur de quatre autres, monteur, directeur de la photographie, producteur et même acteur.

C’est en Espagne que paraîtra en 1992 son premier roman, qui le fera connaître internationalement : « Le vieux qui lisait des romans d’amour » évoque la vie des Indiens Shuar, tournée vers la nature, laissant transparaître les préoccupations écologiques de l’auteur.
Ce roman sera porté à l’écran en 2001 sous son titre original par Rolf De Heer.

Entre autres œuvres, il publie ensuite notamment en :

  • 1996, « Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler » et « Le Neveu d’Amérique« 
  • 1997, « Rendez-vous d’amour dans un pays en guerre« 
  • 1998, « Journal d’un tueur sentimental« 
  • 2003, « La Folie de Pinochet« 
  • 2005, « Une sale histoire » et « Les pires contes des frères Grimm« 
  • 2010, « L’ombre de ce que nous avons été« 
  • 2011, « Histoires d’ici et d’ailleurs« 

Ses récits, souvent en forme de polar, révèlent les séquelles des dictatures sud-américaines des années 70 qu’il a douloureusement vécues.

Proches tantôt du roman, tantôt de la chronique, voire du reportage, ils témoignent aussi de son engagement écologique et politique (il milite d’ailleurs à la Fédération Internationale des Droits de l’Homme).

On y retrouve également un goût certain pour les voyages et son intérêt pour les peuples dits premiers, ceux dont la culture et les valeurs sont différentes de celles des occidentaux, et souvent opprimés pour cela seulement.

Comme un hymne à ses déchirements de toujours en somme …